La deuxième exposition personnelle de l’artiste allemand Daniel Lergon (né en 1978) nous présente le travail de sa dernière série. Utilisant des toiles enduites de minerais de cuivre, de fer ou d’étain, l’artiste exécute une technique de peinture basée sur l’oxydation de ces minerais par une eau acidifiée, provoquant l’apparition de couleurs.
Alors que des matériaux photosensibles, tels que des textiles fluorescents ou rétro-réfléchissants, avaient joué un rôle majeur dans les séries précédentes de Lergon, cette fois-ci ce sont des surfaces métalliques chargées de « réactions chimiques ». Dans ces cheminements, l’importance est placée sur le potentiel intrinsèque du support utilisé : comment activer des couleurs lors du processus de peinture.
Dans la première salle de l’exposition le visiteur découvre cinq peintures dévoilant les subtilités de ces différents matériaux et leurs interactions.
D’une part des surfaces de cuivre rouge foncé laissent apparaître des oxydations brunes, grises, et vertes. D’autre part, une peinture sur base de fer exhibe des couleurs de rouille orange et brune sur un fond gris foncé. La juxtaposition de ces oxydations et couleurs différentes se voit tempérée par la présence d’un dernier tableau en étain, lui, quasi nullement affecté par l’eau acidifié.
Cette sélection de peintures rappelle l’utilisation de poudres de minerais par l’artiste lors de sa première exposition à Bruxelles, Elements, en 2010. Celle-ci présentait quatre peintures murales utilisant poudres de fer, de cuivre, et d’étain (mélangées à un liant acrylique) appliquées directement sur le mur.
La deuxième salle poursuit cette même exploration ; le potentiel des métaux et leurs interactions à une plus grande échelle. Une grande peinture (400 x 720 cm) d’eau et de fer est exposée en opposition à une série de quatre toiles, accrochées les unes à cotés des autres (250 x 800 cm). Tandis que la peinture de fer sombre, ornée d’une forme jaune lumineuse, porte un caractère plutôt monolithique, la série, elle affiche un mouvement plus vif et gestuel.
Cette série se compose de quatre toiles : une de fer, une d’étain, et deux enduites de cuivre, qui démontrent comment la même eau acidifiée provoque des réactions différentes sur chaque métal. Chacune produit des couleurs et offre à l’artiste des résultats picturaux distincts. Cette séquence représente une des nombreuses ‘correspondances métalliques’ de l’exposition.
Enfin, deux grandes peintures carrées (300 x 300 cm) – l’une de cuivre, l’autre de fer – se font face, poursuivant cette correspondance.
Cette exposition dévoile la recherche continue de Lergon du potentiel des surfaces composées de matériaux actifs.
Daniel LERGON est né en 1978 à Boon (Allemagne). Il vit et travaille à Berlin. Son travail a fait l'objet de plusieurs expositions à l'étranger, notamment Esbjerg Kunstmuseum (Danemark, 2006), AEREA (Suède, 2008), Von-der-Heydt-Museum (Allemagne, 2009), Daimler Contemporary (Allemagne, 2011) et à la Signum Foundation (Venise, 2013).