Pour la première fois, la Galerie Almine Rech Bruxelles consacre une exposition à un ensemble d’oeuvres récentes de Curtis Mann.
Né en 1979 à Dayton, Ohio, Mann vit et travaille à Chicago, Illinois. Il a dernièrement participé à 2010, la Biennale du Whitney Museum, dont les commissaires étaient Francesco Bonami et Gary Carrion-Murayari ; récemment, une exposition personnelle de cet artiste a été montée au Jewish Museum of Contemporary Art de Kansas City, Missouri.
Dans ses dernières oeuvres, Mann utilise des photographies trouvées représentant des zones de conflit à l’histoire complexe du Moyen-Orient, qu’il soumet à un processus de sélection et d’effacement. En peignant sur des portions de photographies couleur agrandies avec un vernis transparent et en effaçant ensuite des portions non protégées de l’image avec de l’eau de javel, il cherche à faire émerger des significations nouvelles et abstraites des photos de famille, de voyage ou des divers documents qu’il s’est appropriés. La photographie est modifiée physiquement et contextuellement : dès lors, l’oeuvre oscille entre image et objet, photographie et peinture, réel et imaginaire.
Dans une interview récente, Mann a affirmé : « Je tente constamment de contraindre ces images trouvées à fonctionner en dehors de leur destination initiale, et de me servir de la nature malléable de la photographie pour dévoiler le sens enfoui de ce qui est complexe et inconnu. Avec mon passé dans l’ingénierie mécanique, j’ai toujours été intéressé par le papier, les produits chimiques et les encres utilisés pour produire des images photographiques. Ceux-ci sont à la source de l’image, et leur manipulation recèle un fort potentiel de perturbation des pouvoirs de l’image plate et conventionnelle. »
Que nous apprennent les images ? Comment en vient-on à comprendre un lieu ou un événement via l’espace aplati et sélectif d’une photographie ? Des détails importants ayant été manipulés, modifiés ou retirés, le spectateur est incité à ressentir une confusion et une anxiété exagérées, et à interroger notre approche traditionnelle et subconsciente des images.
Dans un essai récent* Kristen Carter écrit : « Tout est en jeu dans l’oeuvre de Mann ; son art révèle peu à peu au spectateur les couches tortueuses, complexes et vulnérables contenues dans les possibilités ainsi que dans les limites de la photographie et de son rapport à la vérité. »
Pour son exposition à la Galerie Almine Rech Bruxelles, Curtis Mann présentera une sélection de nouvelles pièces, parmi lesquelles de grandes mosaïques murales, des paysages panoramiques modifiés et d’envoûtantes figures déformées, toutes ayant été réalisées en altérant chimiquement des épreuves photographiques traditionnelles.