Château La Coste a le plaisir de présenter 'Une Chambre à Soi', une exposition collective organisée par Margaux Plessy, réunissant plus de quinze artistes émergents internationaux, en dialogue avec quatre artistes femmes, figures de l'histoire de l'art. Exposée dans La Galerie de Richard Rogers du 14 septembre au 12 novembre 2024, cette exposition immersive racontera l'histoire d'une nuit, du coucher du soleil jusqu’au au lever du jour. Les visiteurs, plongés dans l’univers chaud et intime d’une chambre, évolueront du crépuscule à l’aube, au rythme des œuvres spécialement pensées pour l’exposition.
Amoureuse de littérature et de poésie, Margaux Plessy emprunte le titre de l'exposition à l'essai de Virginia Woolf, A Room of One's Own, qui évoque les thèmes de l'intimité, du secret et de la possibilité de l'imaginaire. S'inspirant également de son expérience personnelle de l'insomnie, elle a invité un groupe d'artistes français et internationaux à créer de nouvelles œuvres qui expriment leurs interprétations des rêves, des cauchemars, de l'agitation, qui explorent le sommeil ou son absence, en tant que moteur de la créativité. Ce parcours funambule est accompagné d'une histoire entièrement composée de mots, d'extraits et d'idées empruntés aux plus grands auteurs de la littérature française, rassemblés et arrangés comme un centon par Magaux Plessy.
L'exposition commence par une invitation à fermer les yeux et se termine par une invitation à les rouvrir. Dans l’entre-temps d'une nuit solitaire, les visiteurs auront vécu une expérience nocturne, simple et unique à la fois, à travers des peintures, des sculptures et des tapisseries. Au milieu de la pièce, la sculpture en marbre de Dorothy Cross, composée de deux oreillers sur lesquels repose légèrement une oreille, ainsi que l'oiseau argenté Crescent Bird (2015) de Kiki Smith, donnent un ton de mystère et d'intrigue pour la nuit à venir. Au coucher du soleil, les peintures à l’huile lumineuse de Claudia Keep créent une ambiance relaxante aux côtés de la figure poétique allongée Thinking More of You (2012) de Tracey Emin et de la Fenêtre bleue vaporeuse (2023) de Nathanaëlle Herbelin.
Les visiteurs se laissent doucement emporter par les rêves d'Alex Foxton, Joshua Raz et Simon Martin avant de se réveiller dans la frustration agitée de l'insomnie. Quatre oeuvres de la série de Louise Bourgeois, What Is the Shape of This Problem ? (1999) reflètent l'emballement des pensées et les réflexions excessives provoquées par cet état de demi- conscience. Au fur et à mesure que les minutes s'égrènent, la peur du lendemain s'intensifie, les sentiments de faiblesse et d'impuissance se reflètent dans le bouquet de tournesols fanés en bronze de Victoire Inchauspé qui s'affaisse contre un mur. Le lavabo en porcelaine et l'armoire de salle de bain Scrub, Spritz, Splash (2019) de Genesis Belanger offrent un léger répit et côtoient la série de dessins surréalistes d'Inès Longevial représentant des figures hybrides animales, humaines et végétales sur papier toilette. Un autre éveil conduit le visiteur dans la cuisine, vers l'exquise installation de repas de Bianca Bondi, réalisée uniquement à partir de sel.
Une imagerie vive et cauchemardesque, dans des teintes de bleu, engloutit les visiteurs alors qu'ils entrent dans le moment le plus émotionnel de l'exposition. L'effrayant personnage bestial de Julian Farade, Gardien de mes nuits (2019), déclenche des réactions physiques que l'on pourrait associer à une terreur nocturne : il poursuit ou menace le spectateur dans une immersion de bleu, sans possibilité de s'échapper. Sursaut (2023) de Constance Lafonta résume la sensation d'être alarmé, tandis que Marcella Barceló évoque un sentiment plus sinistre dans le tableau La jument de nuit (2024), représentant une figure nue solitaire observée ou suivie par un cheval noir menaçant. Les frontières floues entre réel et imaginaire et les émotions intenses que sont la peur, la tristesse et la panique continuent d'être explorées dans les nouvelles œuvres d'Adrian Geller, Djabril Boukenaissi et Xie Lei, créées spécialement pour l'exposition.
Enfin, le visiteur est soulagé par l'arrivée de l'aube, signalée par La Ciudad de Oro de l'artiste bolivienne Kenia Almaraz Murillo, un halo lumineux surmontant une variété de fils délicatement tissés dans les tons d'or, de jaune et d'ambre. La couleur est également le fil conducteur de la pratique d'Etel Adnan, dont les gravures incitent à la sérénité et au réconfort, aux côtés de nouvelles œuvres et dessins pleins d'émotions de Christine Safa. Le personnage nu David (2020) de Nathanaëlle Herbelin fume une cigarette dans la brume du lever du soleil, analysant les événements de la nuit précédente et apaisant son anxiété. L'édition Ainsi de suite de Sophie Calle dit "Here lies secrets" sur une mer monotone, fermant ainsi la boucle d'une nuit si ordinaire et pourtant si riche en événements.