Jonathan Gardner Living Image

Forming a homogeneous whole in both subject and style, Jonathan Gardner presents ten new paintings at Almine Rech in Paris.

Going further than painting the everyday, Gardner paints leisure. His figures are occupied with recreational activities: consulting a restaurant menu, reading a book, taking a bath, gardening, collecting, reading on the beach... Subjects that, in his own words, "are not dramatic, but have potential for introspection."

Gardner's painting is figurative, not realistic: the perspectives are exaggerated, like Giorgio de Chirico's buildings; sometimes he borrows the strategies of Cubism to depict the space; and the textures (the wood or iron of a bucket, the metal legs of a coffee table), as well as the characters’ expressions, are rendered subtly. Each element is strategically elevated to its most simplified point of legibility, and while the action is unmistakable, the way in which the characters experience the action remains in question. They seem to live in an ideal world, incredibly peaceful, where emotion is ready to spring forth. It is as if the spectator had a carte blanche to complete the narrative. This parallel world, stylized and idealized, impeccable, where the hairstyles are always perfectly arranged, brings with it the sort of anxiety that often characterizes surrealism.

As has often been noted, there is no system of hierarchy between the elements that make up the painting. A pipe is treated with the same intensity as a character or an element of furniture or decoration. Each element is brought to an equivalence that invites us to look at these paintings in their abstract dimension. This invitation is emphasized by Gardner's use of color blocking, and the grids and lines that cause the composition to prevail over the narrative. Some of the paintings on display depict bathhouse scenes, and Jonathan Gardner tells us that these scenes were born from the memory of an afternoon at the Russian Baths in Manhattan in 2019. But nothing of this personal experience is recounted. In Bathhouse (2001) for example, the very tone of the action is reduced to its minimum. The intricate, geometric network of plumbing, the regular grid formed by the tile floor, and the clouds of steam are treated as abstract forms.

In sum, while his painting presents itself to us with a certain simplicity and obviousness, it quickly reveals its strangeness - and its complexity. Clearly, it also brings to mind the styles of earlier painters (Fernand Léger, Balthus, Magritte, de Chirico, Le Corbusier, David Hockney, Le douanier Rousseau). But the absurdity of this eclectic list, which puts opposites together, soon becomes apparent: what could link these painters if not this very style?
 

— Eric Troncy, Director of Consortium Museum, Dijon and Editor-in-chief of Frog Magazine

Jonathan Gardner présente  à la galerie Almine Rech de Paris une dizaine de peintures nouvelles qui forment un ensemble homogène tant par les sujets que par le style.

Plus qu’une peinture du quotidien, celle de Gardner est une peinture des loisirs. Ses personnages sont occupés à des activités récréatives : consulter le menu d’un restaurant, lire un livre, prendre un bain, jardiner, collectionner, lire sur la plage… Des sujets, selon ses propres termes, “that are not dramatic, but have potential for introspection“.

Figurative, la peinture de Gardner n’est pas réaliste : les perspectives sont outrées, à la manière des bâtiments chez Giorgio de Chirico, l’espace est parfois dépeint en empruntant les stratégies du Cubisme, les textures sont rendues à minima (le bois ou le fer d’un seau, les pieds en métal d’une table basse) de même que les expressions des personnages. Chaque élément est stratégiquement élevé à son point de lisibilité le plus simplifié, et si l’action ne fait aucun doute, la manière dont les personnages vivent cette action reste en suspens. Ils semblent évoluer dans monde idéal, incroyablement paisible, et dans lequel l’émotion est prête à surgir. Comme si le spectateur avait carte blanche pour achever la narration. Et dans ce monde parallèle, stylisé et idéalisé, impeccable, et où les chevelures sont toujours parfaitement agencées, pointe souvent cette sorte d’inquiétude qui caractérise le surréalisme.

Comme cela a souvent été noté, il n’y a pas de système de hiérarchie entre les éléments qui composent le tableau et un tuyau est traité avec une même intensité qu’un personnage ou un élément de mobilier ou de décoration.  Chaque élément est amené à un niveau d’équivalence qui invite à regarder ces peintures dans leur dimension abstraite. Invitation que Gardner souligne en faisant usage d’aplats, parfois de grilles ou de lignes qui font prévaloir la composition sur la narration. Quelques-unes des toiles exposées dépeignent des scènes de bains publics,  et Jonathan Gardner raconte que ces scènes sont nées du souvenir d’une après-midi à la Russian Bath House 

de Manhattan en 2019. Mais rien de cette expérience personnelle n’est raconté et la tonalité même de l’action, dans Bathhouse (2001) par exemple, réduite à son minimum, met en évidence un réseau complexe et géométrique de tuyauterie, la grille régulière formée par le carrelage, et des nuages de vapeur traités comme des formes abstraites.

En somme, si elle se présente à nous dans une certaine forme de simplicité et d’évidence, la peinture de Jonathan Gardner révèle rapidement son étrangeté — et sa complexité. De toute évidence, elle fait aussi surgir à l’esprit les styles de peintres antérieurs (Fernand Léger, Balthus, Magritte, de Chirico, Le Corbusier, David Hockney, Le douanier Rousseau,) mais l’absurdité de cette liste vraiment hétéroclite et qui semble réunir des contraires ne tarde pas à se manifester : qu’est ce qui saurait relier ces peintres sinon ce style là, précisément ?

— Eric Troncy, Directeur du Consortium, Dijon et Éditeur en chef de Frog Magazine